5508 Contournement des contrôles par la direction
juin-2020

Aperçu

La présente section traite des questions suivantes :

  • obligation de traiter le risque de contournement des contrôles par la direction comme étant un risque important;

  • procédures d’audit à exécuter pour répondre au risque de contournement des contrôles par la direction.

Contournement des contrôles par la direction

Exigences des NCA

La direction est dans une position privilégiée pour commettre une fraude puisqu’elle est en mesure de manipuler les documents comptables et d’élaborer des états financiers mensongers en contournant des contrôles qui semblent par ailleurs fonctionner efficacement. Bien que le niveau de risque de contournement des contrôles par la direction puisse varier d’une entité à l’autre, ce risque reste néanmoins présent dans toutes les entités. Compte tenu de la manière imprévisible dont un tel contournement peut survenir, il s’agit d’un risque d’anomalies significatives résultant de fraudes et donc d’un risque important. (NCA 240.32).

Directives du BVG

La possibilité de contournement des contrôles par la direction et l’incidence d’un tel contournement dépendent, dans une large mesure, de l’intégrité, de l’attitude et des motivations de la personne. Comme pour tout autre audit, l’auditeur doit faire preuve de jugement professionnel : il ne doit pas présumer que la personne est malhonnête ni qu’elle est d’une honnêteté incontestable. Le contournement des contrôles par la direction est un facteur important à considérer au moment d’évaluer le risque d’audit, de planifier la nature et l’étendue des travaux d’audit, d’évaluer les éléments probants obtenus et d’évaluer la fiabilité des déclarations de la direction.

Des procédures visant à évaluer le risque de contournement des contrôles par la direction sont mises en œuvre pour chaque audit et comprennent notamment les suivantes :

  • Examiner les écritures de journal et autres redressements (voir la section BVG Audit 5509)
  • Examiner les estimations comptables en vue de déceler des partis pris
  • Évaluer la justification économique d’opérations importantes inhabituelles
Examen des estimations comptables

Exigences des NCA

Indépendamment de son évaluation des risques de contournement des contrôles par la direction, l’auditeur doit concevoir et mettre en œuvre des procédures d’audit destinées (NCA 240.33) :

a) à vérifier le caractère approprié des écritures de journal enregistrées dans le grand livre général et des autres ajustements effectués lors de l’établissement des états financiers. Lorsqu’il conçoit et met en œuvre des procédures d’audit en vue de cette vérification, l’auditeur doit : (voir la section BVG Audit 5509 pour obtenir des directives sur les écritures de journal)

i) s’enquérir auprès des personnes participant au processus d’information financière de toute activité inappropriée ou inhabituelle concernant le traitement des écritures de journal et des autres ajustements;

ii) sélectionner des écritures de journal et d’autres ajustements effectués à la fin de la période;

iii) considérer la nécessité de procéder à des tests sur les écritures de journal et les autres ajustements comptables effectués tout au long de la période;

b) à examiner les estimations comptables pour déterminer si elles sont entachées de parti pris et, le cas échéant, apprécier si les circonstances à l’origine du parti pris représentent un risque d’anomalies significatives résultant de fraudes. Lorsqu’il effectue cet examen, l’auditeur doit :

i) d’une part, apprécier si les jugements et les décisions de la direction à partir desquels ont été établies les estimations comptables contenues dans les états financiers, même s’ils apparaissent raisonnables pris individuellement, indiquent un manque d’objectivité possible de la part de la direction de l’entité qui peut représenter un risque d’anomalies significatives résultant de fraudes. Dans l’affirmative, l’auditeur doit réévaluer les estimations dans leur ensemble,

ii) d’autre part, procéder à un examen rétrospectif des jugements et des hypothèses de la direction ayant rapport aux estimations comptables importantes reflétées dans les états financiers de l’exercice précédent;

c) à évaluer, dans le cas des opérations importantes qui ont été conclues hors du cadre normal des activités de l’entité ou qui semblent par ailleurs inhabituelles eu égard à sa compréhension de l’entité et de son environnement et aux autres informations obtenues au cours de l’audit, si la justification économique (ou l’absence de justification économique) des opérations donne à croire qu’elles ont peut-être été conclues dans le but de présenter des informations financières mensongères ou de dissimuler un détournement d’actifs. (Pour plus de directives, voir ci-dessous la rubrique Évaluation de la justification économique d’opérations importantes inhabituelles.)

Directives des NCA

La préparation des états financiers exige de la direction qu’elle pose un certain nombre de jugements ou d’hypothèses sur lesquels reposent des estimations comptables importantes, et qu’elle assure le suivi régulier du caractère raisonnable de ces estimations. L’information financière mensongère résulte souvent d’anomalies délibérées dans les estimations comptables. Ces anomalies peuvent découler, par exemple, d’une sous-estimation ou d’une surestimation systématique de toutes les provisions ou réserves dans le but soit de lisser les bénéfices sur deux périodes ou plus, soit d’atteindre un niveau de bénéfice déterminé de manière à tromper les utilisateurs des états financiers en influençant leur appréciation des performances et de la rentabilité de l’entité. (NCA 240.A46)

L’examen rétrospectif des jugements et des hypothèses posés par la direction relativement aux estimations comptables importantes reflétées dans les états financiers de l’exercice précédent a pour but de déterminer s’il existe des indications d’un parti pris possible de la direction. Il ne vise pas à remettre en cause le jugement professionnel exercé par l’auditeur dans l’exercice précédent sur la base des informations alors disponibles. (NCA 240.A47)

La NCA 540 exige elle aussi un examen rétrospectif. Mené à titre de procédure d'évaluation des risques, cet examen vise l'obtention d'informations sur l'efficacité des estimations comptables antérieures de la direction, l'obtention d'éléments probants concernant le dénouement — ou, le cas échéant, la révision de ces estimations comptables — pour faciliter l'identification et l'évaluation des risques d'anomalies significatives relatifs à la période considérée et, enfin, l'obtention d'éléments probants concernant des questions, comme l'incertitude d'estimation, sur lesquelles il peut être obligatoire de fournir des informations dans les états financiers. Pour des raisons d'ordre pratique, l'auditeur peut procéder à l'examen des jugements et des hypothèses de la direction pour déterminer s'ils sont empreints d'un parti pris susceptible de constituer un risque d'anomalie significative résultant d'une fraude, selon les exigences de la présente NCA, en même temps qu'il effectue l'examen exigé par la NCA 540. (NCA 240.A48)

Directives du BVG

Voir la section BVG Audit 7070 — pour obtenir des directives sur la vérification des estimations comptables.

Évaluation de la justification économique d’opérations importantes inhabituelles

Exigences des NCA

Indépendamment de son évaluation des risques de contournement des contrôles par la direction, l’auditeur doit concevoir et mettre en œuvre des procédures d’audit destinées : (NCA 240.33)

c) à évaluer, dans le cas des opérations importantes qui ont été conclues hors du cadre normal des activités de l’entité ou qui semblent par ailleurs inhabituelles eu égard à sa compréhension de l’entité et de son environnement et aux autres informations obtenues au cours de l’audit, si la justification économique (ou l’absence de justification économique) des opérations donne à croire qu’elles ont peut-être été conclues dans le but de présenter des informations financières mensongères ou de dissimuler un détournement d’actifs.

Directives des NCA

Parmi les indices qui peuvent donner à croire que des opérations importantes qui ne s’inscrivent pas dans le cadre normal des activités de l’entité, ou qui apparaissent autrement inhabituelles, ont peut-être été conclues dans le but de présenter des informations financières mensongères ou de dissimuler un détournement d’actifs, il y a les suivants : (NCA 240.A49)

  • la forme des opérations semble exagérément complexe (par exemple, des opérations faisant intervenir de multiples entités au sein d’un groupe consolidé ou de multiples tiers non liés);

  • la direction ne s’est pas entretenue avec les responsables de la gouvernance de la nature et de la comptabilisation de ces opérations, et celles-ci ne font pas l’objet d’une documentation adéquate;

  • la direction insiste davantage sur la nécessité d’un traitement comptable particulier que sur la substance économique de l’opération;

  • des opérations auxquelles ont participé des parties liées non consolidées, y compris des entités ad hoc, n’ont pas été dûment examinées et approuvées par les responsables de la gouvernance;

  • les opérations sont caractérisées par la participation de parties liées jusqu’à présent inconnues ou de parties qui n’ont ni la taille ni la surface financière pour exécuter l’opération sans le soutien de l’entité auditée.

Directives du BVG

Voir la section BVG Audit 7532 — pour obtenir des directives sur les opérations qui sont réalisées hors du cadre normal des activités de l’entité.

Comptes d’opérations en attente, intersociétés et entre parties liées

Directives du BVG

Les comptes des opérations en attente, intersociétés et entre parties liées sont souvent utilisés pour passer des écritures frauduleuses en cours d’exercice. Les indicateurs de risque de fraude à surveiller pour chacun de ces comptes sont les suivants : justification économique ambiguë, contrôle inadéquat des écritures portées à ces comptes, défaut de rapprocher les comptes intersociétés et entre parties liées, défaut de suivre les soldes des comptes d’attente, provisoires et de transition, soldes rajustés à zéro à la fin de l’exercice, compensation des postes incertains en temps opportun, soldes et nombre d’opérations anormalement élevés, et autres conditions qui ne concordent pas avec ce que l’on connaît de l’entité, de son environnement et de l’utilisation de ces comptes.

Autres

Exigences des NCA

L’auditeur doit déterminer si, en réponse aux risques identifiés de contournement des contrôles par la direction, il lui faut mettre en œuvre d’autres procédures d’audit, en sus de celles qui sont explicitement mentionnées ci-dessus (c’est-à-dire dans les cas où il existe d’autres risques spécifiques de contournement des contrôles par la direction qui ne sont pas couverts par les procédures mises en œuvre pour satisfaire aux exigences de la NCA 240.33. (NCA 240.34)